Intellectuels pour l\'évolution de la Société

Intellectuels pour l\'évolution de la Société

La femme intellectuelle: Pilier de la Société?

        La femme est un pilier de la société. Elle l'est précisément dans sa mission d'éducatrice et dans son rôle de guide et d'orientation ainsi que son image de modèle envers ses enfants: futurs hommes et femmes constituant la société.

 

Etre une femme instruite, universitaire et/ou intellectuelle, en tant qu'acteur social, renforce - certes - sa situation et sa place au sein de la Société Algérienne, mais exige d'elle, en contrepartie, plus  d'engagement, de rigueur et d'apport envers son environnement, sa nation et sa patrie, à travers l'accomplissement de ses obligations et la réalisation de toute action pouvant mener à l'évolution et au progrès de cette société.

  

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Intellectuelles, femmes d'esprit et femmes savantes au XVIIe siècle
pp. 43-67

Danielle HAASE-DUBOSC
 

     En guise d’introduction, quelques mots sur la notion d’intellectuel(e) appliquée à l’époque. Si son acception contemporaine n’apparaît pas encore dans le Littré au xixe à plus forte raison elle ne se trouve dans aucun des grands dictionnaires du xviie : ce qui ne veut, bien sûr, pas dire qu’il n’y avait pas d’intellectuels.

J’entends par là autant ceux et celles « qui ont un goût prononcé  (ou excessif) pour les choses de l’intelligence, de l’esprit » comme les pédants, que les érudits, les savants ou les philosophes, appellations nettement moins péjoratives, surtout lorsqu’elles se conjuguent au masculin. En élargissant le champ sémantique pour y inclure dans une espèce de nébuleuse des mots tels que sage, docte, précieux, curieux, libertin, en l’élargissant de nouveau afin de tenir compte d’expressions plus générales comme l’esprit (de finesse ou de géométrie), le génie et l’honnêteté, on commence à mieux cerner la notion d’intellectuel au dix-septième siècle.

 

Ajoutons que n’est reconnu comme intellectuel que celui – ou celle – dont la pensée a un certain retentissement dans la société civile, à courte ou à plus longue échéance. Comme dans les périodes plus récentes, les intellectuels au xviie – hommes et femmes – avaient des visées politiques et sociales. Ils étaient de tous les débats qui passionnaient l’opinion publique, se faisant parfois les porte-parole d’une faction du pouvoir dont ils sollicitaient protection et rémunération mais œuvrant aussi à un autre niveau : l’éclat, la prééminence et la distinction de la culture française, à la fois apanage de l’État et res publica, s’imposent à travers les intellectuels dont la renommée européenne était déjà grande dans la première moitié du siècle1.

 

Il suffit de rappeler quelques jalons de la vitalité intellectuelle de l’époque – les fondations de l’Académie Française par Richelieu (1635), de l’Académie de peinture et de sculpture sous la régence d’Anne d’Autriche (1648), de l’Académie des Sciences par Colbert (1666) –, de se souvenir de la Querelle du Cid (1637), de la dissémination de la pensée cartésienne et des débats passionnés qu’elle provoqua dans la société, du retentissement des pamphlets que l’on collecta plus tard sous le nom de Mazarinades (1648-1652), des luttes autour de la question de l’autonomie de la conscience qu’engagèrent les jansénistes et qui déterminèrent les prises de position de la noblesse d’épée et de robe ainsi que d’une partie du tiers état, enfin de la Querelle des Anciens et les Modernes (1687-1716), sur laquelle j’aurais l’occasion de revenir car elle figure une véritable « crise » de civilisation qui affecta tous les domaines de la vie intellectuelle, artistique et mondaine2 – pour se souvenir que « la chose intellectuelle » passionnait la société civile ayant accès à la culture3.

 

Le « métier d’intellectuel », celui qui consiste, selon la définition toute moderne du Petit Robert, à « remuer le sens des symboles et des signes » existait bel et bien et se pratiquait dans les Académies – très majoritairement masculines en France –, les sociétés savantes – réservées elles aussi aux hommes –, mais tout autant dans les salons où se réunissaient hommes et femmes et même dans les réunions publiques mixtes organisées par les « bureaux d’adresse » à cette fin4.

 

Les femmes participent à tous les grands débats du siècle, et se proclament (ou sont proclamées) « femmes d’esprit », « femmes savantes », « femmes doctes » ou encore « sages », « précieuses » et même « libertines »5. Mais elles savent leurs créneaux de liberté d’expression limités et leur statut d’intellectuelle, intimement lié à leur subordination de genre, fragile : d’où les stratégies multiples qu’elles déploient pour penser et faire connaître leurs pensées. Cette liberté relative et ses ambivalences sont au cœur de ma réflexion.

 

Le projet « féminocentrique » et l’intellectuelle

 

3Toute considération sur la femme intellectuelle se situe dans le contexte général que je viens d’esquisser. Il convient d’ajouter que si les femmes ont pu autant participer à l’élaboration et à la propagation des grandes questions intellectuelles de l’époque, c’est surtout parce que les lieux des débats s’étaient déplacés. De la société savante réservée aux hommes, ou du petit cénacle réuni à la cour d’une reine humaniste, on passe à une série de constellations de lieux mixtes où hommes et femmes travaillent ensemble à la dissémination des idées, souvent sous la « direction » d’une femme6. Que peut-on dire des causes d’une transformation sociale qui semble, au premier abord, si favorable au développement de la femme intellectuelle ?

 

D’abord, on le sait, le siècle est marqué par deux régences et par une polyphonie politique dans laquelle de nouvelles options sont explorées, le pouvoir royal d’abord contesté et puis renforcé7. Mais il faut rappeler que l’avènement d’une nouvelle catégorie, celle constituée de femmes intellectuelles, – qu’elles soient érudites, moralistes, théologiennes ou encore poètes et romancières – n’a été possible qu’une fois le terrain préparé depuis plus d’un siècle. Tout un projet de société qui entendait confier aux femmes le rôle de civiliser les mœurs est peu à peu mis en place à la fin du xvie siècle : selon les tenants de cette opinion, ce sont les femmes qui amèneront la modération de la forme, l’urbanité du ton, le progrès des lumières et des mœurs, la propagation des idées nouvelles dans les sciences et les arts. Pour faire advenir cette société mixte, les femmes devaient être jugées capable d’agir dans le champ politique mais aussi avoir la liberté de peindre, composer, écrire. Somme toute, elles devaient devenir des sujets dans un champ culturel partagé. On ne relit guère les textes majeurs de La Querelle des Femmes aujourd’hui pour les soumettre à un nouveau questionnement et on en étudie moins encore l’historiographie. C’est ainsi que, le plus souvent, on considère le projet discursif de La Querelle toujours comme binaire, – d’un côté des tirades misogynes, de l’autre des apologies pour la supériorité des femmes – alors qu’il était en fait ternaire : il y avait une troisième voix, celle qui exprimait – à travers des textes de tous genres – qu’il serait avantageux de faire une place aux femmes dans les domaines de la politique et des arts.

La représentation positive de femmes intelligentes, dans le discours masculin de la Renaissance, permit – il me semble – à un nombre important d’entre elles d’intérioriser cette représentation favorable d’elles-mêmes, dans la mesure où une partie de la société en avait le modèle. Certaines en ont profité pour devenir les régulatrices de la sociabilité intellectuelle, d’autres pour se réaliser en tant qu’intellectuelles.

Prenons un exemple d’une « inscription » particulière (ou d’une « définition ») de la femme, élaborée en Europe tout au long du xve et du xvie siècles, qui la met en discours en tant que participante à la création artistique et à la vie politique, exemple fort connu par les intellectuelles du xviie siècle et qui rendit possible un véritable « passage au réel » pour la femme écrivain : il s’agit des 24 stances qui forment le début du Chant 37 du Roland Furieux de l’Arioste. Le narrateur dépasse le discours convenu de l’époque, celui de la défense des femmes contre les attaques des hommes et de la célébration de leurs actions dans la sphère politique, discours dont le but est de persuader un auditoire masculin de revoir son opinion du Sexe : il attribue aux femmes le désir « d’obtenir la gloire », c’est-à-dire d’écrire elles-mêmes. Et puis, il leur conseille de rompre la relation de dépendance qui les lie aux écrivains masculins et leur conseille de prendre en charge leur réputation en écrivant de grandes œuvres qui seront lues dans l’avenir, d’entreprendre la transcription de leurs actions au lieu d’en laisser le soin aux hommes.

 

..........A suivre

 

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      En se référant aux définitions des termes "émancipation" et "liberté", la femme instruite (ou universitaire) se placerait-elle dans le rang de la revendication de l'émancipation ou de la Liberté? (Voir page "Notions et Terminologie" du blog)

 



18/01/2011
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