Intellectuels pour l\'évolution de la Société

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La Femme: Soumission et Emancipation - Réalités

L’émancipation des femmes - Article de Mohamed CHARFI

 

" ....Pour qualifier les grands acquis du XXe siècle, les appréciations divergent. Certains insistent sur le grand bond de la technologie, les avancées spectaculaires de la médecine ou l’invention de l’informatique. Je pense que, sur le plan socio-politique, c’était le siècle du triomphe des droits de l’homme et de l’émancipation de la femme.Que l’on puisse aujourd’hui parler d’une histoire des femmes est en soi un bouleversement qui traduit l’ampleur des acquis, à la fois sur le plan juridique et surtout sur celui des mentalités. Lorsque, deux ans après la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, Olympe de Gouges a publié une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, sa voix s’est perdue dans l’immense silence du désert. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le mouvement féministe a commencé à prendre de l’ampleur avec la création en 1888 du Conseil international des femmes qui a réclamé le droit de vote pour les citoyennes, réclamation reprise en 1904 par l’Alliance Internationale des femmes. Lorsque en 1903 marie Curie a obtenu le prix Nobel de physique, elle a fait voler en éclat tous les préjugés anti – féministes de prétendue supériorité de l’homme en matière de capacités intellectuelles. Elle a, si l’on peut dire, récidivé quelques années après en obtenant ce prix une seconde fois. Elle a été ainsi le premier savant, et jusqu’ici le seul, à obtenir deux fois cette haute distinction scientifique.Tout le long du XXe siècle, les tabous sont tombés les uns après les autres. La soviétique Alexandra Kollotaï a été la première femme à faire partie d’un gouvernement, Chandrika Bandarnaïke la première à être ministre à Ceylan, actuel Sri Lanka, et Vigdis Finnbogadottir la première à être élue au suffrage universel de la république d’Islande.A l’heure actuelle, dans l’ensemble du monde politiquement développé, notamment en Europe et en Amérique, il n’y a plus de discrimination juridique. La lutte féministe porte essentiellement sur les faits qui ne suivent pas l’évolution du droit à la même vitesse, principalement la faiblesse de la présence féminine dans les assemblées élues et les écarts dans l’accès aux postes de responsabilité et dans les rémunérations des femmes au sein des entreprises à égale qualification par rapport aux hommes.Enfin, on ne peut pas terminer ce très rapide tour d’horizon sans mentionner ce grand acquis de la femme qu’est le droit qui lui est reconnu de disposer de son corps aussi librement que l’homme y compris la conséquence de cette liberté, le droit à l’avortement.Malheureusement, le problème se pose dans des termes très différents dans le monde musulman. Les souffrances des femmes dans les pays de l’islamisme traditionnel, essentiellement ceux du Golfe, sont bien connues. En Arabie Saoudite, la femme ne peut même pas conduire une voiture. Les souffrances dans les pays de l’islamisme radical sont connues aussi. Il est presque inutile de rappeler le calvaire que vivent les afghanes sous le régime moyenâgeux des talibans. Mais, même en dehors de ces Etats, l’émancipation des femmes ne se fait que très lentement, trop lentement. Certes, dans plusieurs pays, la femme a pu s’évader de sa triple prison : le voile, la maison et l’ignorance. Le droit des filles à la scolarisation n’est plus contesté. On admet généralement le droit d’accès des femmes à la fonction publique et aux responsabilités politiques. Certaines sont élues dans les assemblées représentatives locales et même nationales. On en choisit une ou deux pour des fonctions ministérielles. Mais cela ressemble plus au décors qu’à un véritable choix de société. Et de ce fait, cela donne lieu parfois à des situations cocasses. Ainsi, il y a plusieurs années en Egypte, le pays qui a joué pendant longtemps le rôle d’avant-garde en matière d’émancipation de la femme, Aïcha Rateb, alors qu’elle était ministre des affaires sociales, avait des difficultés avec son mari et vivait séparée de lui en attendant le divorce. Quand elle a pris l’avion pour un voyage officiel, son mari a réussi à empêcher l’avion de décoller pendant un bon moment car le voyage allait être effectué sans l’autorisation maritale. C’est dire à quelles contradictions on s’expose quand on adopte des politiques incohérentes. Avant de nommer une femme ministre pour les besoin du décors moderne, il faut commencer par le commencement. Comment une femme peut-elle exercer une fonction ministérielle, c’est-à-dire une fonction de commandement à l’échelle de la nation, quand elle est jugée un être inférieur chez elle, devant vivre sous la tutelle de son père ou de son mari ? L’émancipation de la femme passe d’abord par une réforme du statut personnel : la reconnaissance de sa capacité juridique pleine et entière, la suppression de la polygamie et de la répudiation, la parfaite égalité juridique avec l’homme dans tous les domaines. Depuis le début du XXe siècle, des penseurs de la stature de Kacem Amin en Egypte et Tahar Haddad en Tunisie et toute une pléiade de réformateurs dans l’ensemble du monde musulman ont appelé à la révision de la chari’â pour l’adapter aux exigences de notre temps. La démonstration a été faite que le Coran, seule source véritablement sacrée de l’Islam, peut parfaitement être interprété dans un sens favorable à l’égalité des sexes. Il n’y a donc pas de réel empêchement religieux.Le monde musulman reste sous-développé parce que la moitié des citoyens est maintenue dans une position d’infériorité, donc une situation d’infirmité. La mentalité patriarcale, le désir profond des hommes de garder leurs privilèges hérités du Moyen-âge sont le véritable obstacle au changement. Cet obstacle est d’autant plus difficile à contourner qu’il utilise la couverture religieuse. Mais ce n’est pas une raison de baisser les bras. C’est la responsabilité de tous les patriotes d’aider à écarter cette ouverture et de dénoncer inlassablement les attitudes rétrogrades....."       

 

Source:

http://http://www.perspectivestunisiennes.net/index.php?option=com_content&view=article&id=55:lemancipation-des-femmes&catid=18:chroniques&Itemid=8

 

Définitions:

 

" L'émancipation, qui est l'un des éléments moteur de la transformation de la société, permet donc de se libérer et de devenir indépendant. Elle donne à une catégorie de la population des droits identiques aux autres catégories. Exemple : l'émancipation de la femme."

 

Source: www.toupie.org

 



07/03/2012
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