Intellectuels pour l\'évolution de la Société

Intellectuels pour l\'évolution de la Société

Oeuvres artistiques, Oeuvres d'engagement

Peut-on considérer les oeuvres d'art (Littérature, peinture, musique, la sculpture et autres) comme des oeuvres permettant l'évolution et le progrès de la Société?

 

 

 

 L'art = Liberté, Beauté, Amour, Engagement, Errance, Action,....Progrès

 

 

 

Johann Wolfgang von Goethe : biographie d'un scientifique, romancier et dramaturge allemand

 

L'Allemagne est un pays qui a dans son patrimoine culturel des artistes immortels. On pense alors immédiatement à Mozart, mais aussi à Johann Wolfgang Goethe. La biographie de Johann Wolfgang von Goethecommence avec sa naissance le 28 août 1749 à Francfort-sur-leMain, en Allemagne.

 

 

 Dès son plus jeune âge, Johann Wolfgang von Goethe est passionné par les études et a soif d'apprendre. Son père, alors fonctionnaire de la Cour, fut son premier maître. Dès 1765, il envoie Johann Wolfgang von Goethe à l'université de Leipzig pour y étudier le droit.

 

 

 

Mais Johann Wolfgang von Goethe se rendra vite compte qu'il n'est pas intéressé par ce domaine. C'est en effet à la même époque qu'il commence à s'intéresser de près à la poésie. Dès 1768, il rentre chez son père et se prépare pour une nouvelle destination. Goethe décide, en effet, de se rendre à Strasbourg, qui était alors française, depuis 1681.

 

Là bas, il rencontrera des hommes de lettres et développera peu à peu son intérêt pour des thèmes aussi variés que la foi en l'existence de l'homme, le sentiment religieux de la vie ou encore la passion pour la nature qui seront développés dans la plupart de ses œuvres. Puis, en 1771, Johann Wolfgang Von Goethe est diplômé en droit, mais il n'est définitivement pas fait pour cette voie.

 

 

 

Dès lors, il rentre à Francfort et se concentre sur l'étude des grands classiques grecs, l'art gothique et la religion. Johann Wolfgang von Goethe publie alors ses premières œuvres, dont sa première pièce de théâtre, "Goetz von Berlichingen", en 1773 et le roman qui le rendra célèbre : "les Souffrances du jeune Werther". En 1774, Johann Wolfgang von Goethe fait la connaissance de Charles-Auguste, duc de Weimar.

 

 

 

......

 

 

 

Quelques Citations de J.W.Von Goethe:

 

 

source: www.evene.com

 

 

 

«On n'est jamais satisfait du portrait d'une personne que l'on connaît bien.»

 

«Au commencement était l'action.»

 

«Il reste toujours assez de force à chacun pour accomplir ce dont il est convaincu.»

 

«Nul ne s'est jamais perdu dans le droit chemin.»

 

«Semer est moins pénible que moissonner.»

 

«On a toujours assez de temps quand on en fait un bon usage.»

 

  

 

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Quelques passages de l'ouvrage de Goethe "Le Renard"

 

Genre: Roman

 

 

 

PREMIER CHANT.

 

 

La Pentecôte, cette fête charmante, était arrivée ; les champs et les bois se couvraient de verdure et de fleurs ; sur les collines et sur les hauteurs, dans les buissons et dans les haies, les oiseaux, rendus à la joie, essayaient leurs gaies chansons ; chaque pré fourmillait de fleurs dans les vallées odorantes ; le ciel brillait dans une sérénité majestueuse et la terre étincelait de mille couleurs.

 

 

Noble, le roi des animaux, convoque sa cour ; et tous ses vassaux s'empressent de se rendre à son appel en grand équipage ; de tous les points de l'horizon arrivent maints fiers personnages, Lutké la grue et Markart le geai, et tous les plus importants. Car le roi songe à tenir sa cour d'une manière magnifique avec tous ses barons ; il les a convoqués tous ensemble, les grands comme les petits. Nul ne devait y manquer et cependant il en manquait un : Reineke le renard, le rusé coquin, qui se garda bien de se rendre à l'appel, à cause de tous ses crimes passés.

 

Comme la mauvaise conscience fuit le grand jour, le renard fuyait l'assemblée des seigneurs. Tous avaient à se plaindre ; ils étaient tous offensés ; et, seul, Grimbert le blaireau, le fils de son frère, avait été épargné.

 

 

Ce fut le loup Isengrin qui porta le premier sa plainte, accompagné de ses protecteurs, de ses cousins et de tous ses amis. Il s'avança devant le roi et soutint ainsi l'accusation : «Très-gracieux seigneur et roi, écoutez mes griefs ! Vous êtes plein de grandeur et de noblesse ; vous faites à chacun  justice et merci : veuillez donc être touché de tout le mal que j'ai souffert, à ma grande honte, de la part de Reineke. Mais, avant tout, soyez touché du déshonneur qu'il a jeté si souvent sur ma femme et des blessures qu'il a faites à mes enfants ; hélas ! il les a couverts d'ordures d'une matière si corrosive, qu'il y en a encore trois à la maison qui souffrent d'une cruelle cécité. Il est vrai que, depuis longtemps, il a été question de ce crime : on avait même fixé un jour pour mettre ordre à de pareils griefs ; il offrit de faire tous les serments ; mais bientôt il changea d'avis et courut s'enfermer  dans sa forteresse ; c'est ce que savent trop bien tous les hommes qui m'entourent ici. Seigneur, il me faudrait bien des semaines pour raconter rapidement tous les maux que le brigand m'a faits. Quand toute la toile que l'on fait à Gand deviendrait du parchemin, elle ne pourrait pas contenir tous les tours qu'il m'a joués ; aussi je les passe sous silence. Mais le déshonneur de ma femme me ronge le coeur ; j'en tirerai vengeance, quoi qu'il arrive.»

Lorsque Isengrin eut ainsi tristement parlé, on vit s'avancer un petit chien qui s'appelait Vackerlos ; il parlait français et raconta combien il était pauvre et qu'il ne lui restait rien au monde qu'un petit morceau d'andouille et que Reineke le lui avait pris ! Alors le chat Hinzé, tout en colère, s'élança d'un bond et dit : «Grand roi, que personne ne se plaigne du mal fait par le scélérat plus que le roi lui-même. Je vous le dis, dans cette assemblée, il n'y a personne ici, jeune ou vieux, qui doive craindre ce criminel autant que vous. Quant à la plainte de Vackerlos, elle ne signifie rien ; il y a des années que cette affaire est arrivée ; c'est à moi qu'appartenait cette andouille. J'aurais dû me plaindre alors ; j'étais allé chasser ; chemin faisant je fis une ronde de nuit dans un moulin ; la meunière dormait, je pris tout doucement une andouille, je l'avouerai ; mais, si Vackerlos y eût jamais quelque droit, il le doit à mon adresse.»

 

La panthère dit : «À quoi bon ces plaintes et ces paroles ? elles ne servent à rien ; le mal est assez constaté. C'est un voleur, un assassin, je le soutiens hardiment. Ces messieurs le savent bien ; il est artisan de tout crime. Tous les seigneurs, et le roi lui-même, viendraient à perdre fortune et honneur, qu'il en rirait s'il y gagnait seulement un morceau de chapon gras. Que je vous raconte le tour qu'il a fait hier à Lampe le lièvre ; le voici devant vous, cet homme qui n'offensa jamais personne.

Reineke joua le dévot et s'offrit à lui enseigner rapidement tous les chants d'église et tout ce que doit savoir un sacristain ; ils s'assirent en face l'un de l'autre et commencèrent le Credo. Mais Reineke ne pouvait pas renoncer à ses anciennes pratiques : au milieu de la paix proclamée par notre roi et malgré son sauf-conduit, il tint Lampe serré dans ses griffes et colleta astucieusement l'honnête homme. Je passais près de là ; j'entendis leur chant, qui, à peine commencé, cessa tout à coup ; je m'en étonnai.

 

Mais, lorsque j'arrivai près d'eux, je reconnus Reineke ; il tenait Lampe par le collet, et certes il lui eût ôté la vie si, par bonheur, je n'étais pas allé par là.

Le voilà ! regardez les blessures de cet homme pieux. Et maintenant, sire, et vous, seigneurs, souffrirez-vous que la paix du roi, son édit et son sauf-conduit soient le jouet d'un voleur ? Oh ! alors le roi et ses enfants entendront encore longtemps les reproches des gens qui aiment le droit et la justice !»

 

Isengrin ajouta : «Il en sera ainsi et malheureusement Reineke ne changera pas. Oh ! que n'est-il mort depuis longtemps ! ce serait à souhaiter pour les gens pacifiques ; mais, si on lui pardonne encore cette fois, il dupera audacieusement ceux qui s'en doutent le moins maintenant.»

Le neveu de Reineke, le blaireau, prit maintenant la parole et défendit courageusement Reineke, dont la fausseté pourtant était bien connue :

«Seigneur Isengrin, dit-il, le vieux proverbe a bien raison : «N'attends rien de bon d'un ennemi.» Vraiment mon oncle n'a pas à se louer de vos discours ; mais cela vous est facile. S'il était comme vous à la cour et qu'il jouit de la faveur du roi, vous pourriez vous repentir d'avoir parlé si malignement de lui et d'avoir renouvelé ces vieilles histoires.

 

 

.........A Suivre

 

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Les Affinités Électives

 

Auteur : Johann Wolfgang Von Goethe

Catégorie : Romans / Nouvelles

 

PREMIERE PARTIE

 

CHAPITRE PREMIER

 

Un riche Baron, encore à la fleur de son âge et que nous appellerons Édouard, venait de passer dans sa pépinière les plus belles heures d'une riante journée d'avril. Les greffes précieuses qu'il avait fait venir de très-loin étaient employées, et, satisfait de lui-même, il renferma dans leur étui ses outils de pépiniériste. Le jardinier survint et admira très-sincèrement le travail de son maître.

 

- Est-ce que tu n'as pas vu ma femme ? lui demanda Édouard en faisant un mouvement pour s'éloigner.

- Si, Monseigneur, Madame est dans les nouvelles plantations. La cabane de mousse qu'elle fait faire sur la montagne, en face du château, sera terminée aujourd'hui. Quel délicieux point de vue vous aurez là ! Au fond, le village ; un peu à droite, l'église et le clocher, au-dessus duquel, de cette hauteur, le regard se glisse au loin. En face, le château et les jardins.

-C'est bien, répliqua Édouard. A quelques pas d'ici j'ai vu travailler les ouvriers.

-Et plus loin, à droite, continua le jardinier, s'ouvre la riche vallée avec ses prairies couvertes d'arbres, dans un joyeux lointain.

 

Quant au sentier à travers les rochers, je n'ai jamais rien vu de mieux disposé. En vérité, Madame s'y entend, c'est un plaisir de travailler sous ses ordres.

-Va la prier de ma part de m'attendre ; je veux qu'elle me fasse admirer ses nouvelles créations. Le jardinier s'éloigna en hâte. Le Baron le suivit lentement, visita en passant les terrasses et les serres, traversa le ruisseau et arriva bientôt à la place où la route se divisait en deux sentiers : l'un et l'autre conduisaient aux plantations nouvelles ; le plus court passait par le cimetière, le plus long par un bosquet touffu. Édouard choisit le dernier et se reposa sur un banc, judicieusement placé au point où le chemin commençait à devenir pénible, puis il gravit la montée qui, par plusieurs marches et points d'arrêts, le conduisit, par un sentier étroit et plus ou moins rapide, jusqu'à la cabane de mousse.

 

Charlotte reçut son époux à l'entrée de cette cabane, et le fit asseoir de manière qu'à travers la porte et les fenêtres ouvertes, les différents points de vue se présentèrent à lui dans toute leur beauté, mais resserrés dans des cadres étroits. Ces tableaux le charmèrent d'autant plus, que son imagination les voyait déjà parés de tout l'éclat printanier, que quelques semaines de plus ne pouvaient manquer de leur donner en effet.

 

-Je n'ai qu'une observation à faire, lui dit-il : la cabane me paraît un peu trop petite.

-Il y a assez de place pour nous deux, répondit Charlotte.

-Sans doute, peut-être même pour un troisième ...

-Pourquoi pas ? à la rigueur, on pourrait encore admettre un quatrième.

Quant aux sociétés plus nombreuses, nous avons pour elles d'autres points de réunion.

-Puisque nous voilà seuls, tranquilles et contents, dit Édouard, je veux te confier quelque chose qui, depuis longtemps, me pèse sur le cœur.

Jusqu'ici j'ai vainement cherché l'occasion de te le dire.

-Je n'ai pas été sans m'en apercevoir.

-Je dois te l'avouer, mon amie, si j'avais pu retarder encore la réponse définitive qu'on me demande, si je n'étais pas forcé de la donner demain au matin, j'aurais peut-être encore continué à me taire.

-Voyons, de quoi s'agit-il ? demanda Charlotte avec une prévenance gracieuse.

-De mon ami, le capitaine ! Tu sais qu'il n'a pas mérité l'humiliation qu'on vient de lui faire subir, et tu comprends tout ce qu'il souffre.

Être mis à la retraite à son âge, avec ses talents, son esprit actif, son érudition ... Mais pourquoi envelopper mes vœux à son sujet dans un long préambule ? Je voudrais qu'il pût venir passer quelque temps avec nous.

 

-Ce projet, mon ami, demande de mûres réflexions ; il faut l'envisager sous ses différents points de vue.

-Je suis prêt à te donner tous les éclaircissements que tu pourras désirer. La dernière lettre du capitaine annonce une profonde tristesse. Ce n'est pas sa position financière qui l'afflige, ses besoins sont si bornés ! Au reste, ma bourse est la sienne, et il ne craint pas d'y puiser. Dans le cours de notre vie, nous nous sommes rendu tant de services, qu'il nous sera toujours impossible d'arrêter définitivement nos comptes. Son seul chagrin est de se voir réduit à l'inaction, car il ne connaît d'autre bonheur que d'employer utilement ses hautes facultés. Que lui reste-t-il à faire désormais ? se plonger dans l'oisiveté ou acquérir des connaissances nouvelles, quand celles qu'il possède si complètement lui sont devenues inutiles ? En un mot, chère enfant, il est très-malheureux, et l'isolement dans lequel il vit augmente son malheur.

-Mais je l'ai recommandé à nos connaissances, à nos amis ; ces recommandations ne sont pas restées sans résultat ; on lui a fait des offres avantageuses.

-Cela, est vrai ; mais ces offres augmentent son tourment, car aucune d'elles ne lui convient. Ce n'est pas l'utile emploi, c'est l'abnégation de ses principes, de ses capacités, de sa manière d'être qu'on lui demande. Un pareil sacrifice est au-dessus de ses forces.

Plus je réfléchis sur tout cela, plus je sens le désir de le voir près de nous.

-Il est beau, il est généreux de ta part de t'intéresser ainsi au sort d'un ami ; mais permets-moi de te rappeler que tu dois aussi quelque chose à toi-même, à moi.

-Je ne l'ai pas oublié, mais je suis convaincu que le capitaine sera pour nous une société aussi utile qu'agréable. Je ne parlerai pas des dépenses qu'il pourrait nous occasionner, puisque son séjour ici les diminuerait au lieu de les augmenter. Quant à l'embarras, je n'en prévois aucun. L'aile gauche de notre château est inhabitée, il pourra s'y établir comme il l'entendra, le reste s'arrangera tout seul. Nous lui rendrons un service immense, et il nous procurera à son tour plus d'un plaisir, plus d'un avantage. J'ai depuis longtemps le désir de faire lever un plan exact de mes domaines, il dirigera ce travail.

 

Tu veux faire cultiver toi-même nos terres, dès que les baux de nos fermiers seront expirés ; mais avons-nous les connaissances nécessaires pour une pareille entreprise ? Lui seul pourra nous aider à les acquérir ; je ne sens que trop combien j'ai besoin d'un pareil ami. Les agronomes qui ont étudié cette matière dans les livres et dans les établissements spéciaux, raisonnent plus qu'ils n'instruisent, car leurs théories n'ont pas passé au creuset de l'expérience ; les campagnards tiennent trop aux vieilles routines, et leurs enseignements sont toujours confus, et souvent même volontairement faux. Mon ami réunit l'expérience à la théorie sur ce point, et sur une foule d'autres dont je me promets les plus heureux résultats, surtout par rapport à toi. Maintenant je te remercie de l'attention avec laquelle tu as bien voulu m'écouter ; dis-moi à ton tour franchement ce que tu penses, je te promets de ne pas t'interrompre.

 

-Dans ce cas, répondit Charlotte, je débuterai par une observation générale.

Les hommes s'occupent surtout des faits isolés et du présent, parce que leur vie est tout entière dans l'action, et par conséquent dans le présent. Les femmes, au contraire, ne voient que l'enchaînement des divers événements, parce que c'est de cet enchaînement que dépend leur destinée et celle de leur famille, ce qui les jette naturellement dans l'avenir et même dans le passé.

Associe-toi un instant à cette manière de voir, et tu reconnaîtras que la présence du capitaine chez nous, dérangera la plupart de nos projets et de nos habitudes.

-J'aime à me rappeler nos premières relations, continua-t-elle, et, surtout, à t'en faire souvenir. Dans notre première jeunesse, nous nous aimions tendrement ; et l'on nous a séparés parce que ton père, ne comprenant d'autre bonheur que la fortune, te fit épouser une femme âgée, mais riche ; le mien me maria avec un homme que j'estimais sans pouvoir l'aimer, mais qui m'assura une belle position. Nous sommes redevenus libres, toi le premier, et ta femme, qu'on aurait pu appeler ta mère, te fit l'héritier de son immense fortune. Tu profitas de ta liberté pour satisfaire ton amour pour les voyages ; à ton retour j'étais veuve. Nous nous revîmes avec plaisir, avec bonheur. Le passé nous offrait d'agréables souvenirs, nous aimions ces souvenirs, et nous pouvions impunément nous y livrer ensemble.

 

Tu m'offris ta main, j'hésitai longtemps ... Nous sommes à peu près du même âge ; les femmes vieillissent plus vite que les hommes ; tu me paraissais trop jeune ... Enfin, je n'ai pas voulu te refuser ce que tu regardais comme ton unique bonheur ... Tu voulais te dédommager des agitations et des fatigues de la cour, de la carrière militaire et des voyages ; tu voulais jouir enfin de la vie à mes côtés, mais avec moi seule.

Je me résignai à placer ma fille unique dans un pensionnat, où elle pouvait, au reste, recevoir une éducation plus convenable qu'à la campagne. Je pris le même parti pour ma chère nièce Ottilie, qui eût, peut-être, été plus à sa place près de moi et m'aidant à diriger ma maison. Tout cela s'est fait de

 

.........A suivre

 

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Mohamed RACIM

 

Miniaturiste  « Le chantre d’Alger »

 

 

Le 04.07.2011

 

 

Né en 1896, Mohamed Racim s’est très jeune initié à la miniature dont il a su bien vite maîtriser la technique, aidé en cela par l’influence familiale. Il consacra toute son existence à cet art qui le rendit célèbre.

 

 

 

Très imprégné des valeurs de la civilisation musulmane et d'un passé Algérois prestigieux, malheureusement révolu, Mohamed Racim semble avoir voulu faire revivre, à travers ses miniatures, ce passé qui lui tenait tant à cœur.

 

Cela nous a valu des œuvres remarquables, hautes en couleurs, comme cette galère barbaresque voguant toutes voiles dehors au large d’Alger et évoquant la glorieuse épopée des corsaires algériens ou ce magnifique cavalier arabe à l’allure fière et indomptable rappelant les cavalcades effrénées et tumultueuses de la cavalerie de l’Emir Abdelkader, ainsi que de nombreux autres chefs d’œuvres retraçant les us et coutumes de la vie d’autrefois.

 

Tout en conservant dans leur intégralité les techniques esthétiques propres à la miniature, Mohamed Racim a su, par son génie et de savantes recherches, enrichir ce patrimoine artistique sans en altérer l’authenticité. Minutie, patience, poésie, sens du décor, sûreté de la main, choix des nuances, sont autant de facteurs qui président aux créations de Racim.

 

 

 

Décrochant haut la main le grand prix artistique d’Algérie en 1933 ainsi que la médaille des Orientalistes, cet artiste a vu ses œuvres exposées aux quatre coins du monde et certaines d’entre elles faire l’objet d’acquisition de la part de plusieurs grands musées.

 

 

 

Mohamed Racim a compris que la lutte peut aussi être menée sur le front de l'art. Et c'est pour cela qu'il veut que dans son œuvre, tout soit faste, somptueux et grandiose, comme l'était l'Algérie avant l'ère coloniale et comme il la voulait après l'indépendance. Racim voulait réveiller la fierté en son peuple, exciter sa « jalousie », son amour-propre et sa nostalgie.

 

 

 

Les convictions les plus profondes et les plus souveraines de Racim sont allées à la rencontre de son peuple et de son pays pour corriger leur histoire falsifiée par les occupants.

 

 

 

Longtemps professeur à l’école Nationale des Beaux-Arts d’Alger, ses miniatures ont été rassemblées dans plusieurs ouvrages dont La vie musulmane d’hier et Mohammed Racim Miniaturiste Algérien.

 

Hors des chemins balisés de l’enluminure et de la miniature des écoles persanes et turques, tombées en léthargie depuis le XVIIIème siècle, il crée l’Ecole Algérienne de miniature.

 

Il eut également le grand mérite d’avoir formé une génération de disciples, laquelle par son talent se rendit tout aussi célèbre et a maintenu vivante mais en l’enrichissant, l’œuvre du grand maître.

 

Il décède, ainsi que son épouse à El-Biar, en 1975, dans des circonstances tragiques et jamais élucidées.

 

Il restera le plus grand miniaturiste du XXème siècle.

 

 

 

Chronologie:

 

-  1896, naissance au sein d’une famille d’artistes enlumineurs, graveurs et sculpteurs sur bois de la Casbah d’Alger, son grand père et son père exerçaient dans leur atelier qui jouissait d’une notoriété certaine,

-   A quatorze ans, après avoir obtenu son certificat d’études, il entre au Cabinet de Dessin de l’Enseignement Professionnel. Il y étudie les motifs graphiques et découvre la miniature,

-   1914, rencontre avec le peintre Orientaliste Nasredine DINET, qui lui confie l’ornementation de son livre « La vie de Mahomet »,

-   1917, première miniature, « Rêve d’un poète ».

Il obtient une bourse de la Casa Velasquez qui lui permet de visiter l’Espagne, l’Andalousie, (mosquées, palais, jardins, céramiques, musique et manuscrits) et l’Angleterre, Londres, (manuscrits et miniatures arabo–musulmans notamment, de Bezhad et El Wasiti, le Musée de la Marine où il étudie l’architecture navale.

-   1919, première exposition à Alger (L’Espagne Andalouse et Le Vieil Alger),

-  1922, il s’installe à Paris, il y entame des travaux pour l’éditeur d’art Piazza, notamment, l’illustration des douze volumes des Mille et une nuits,

-   1924, la Société des Peintres Orientalistes Français lui décerne la médaille d’or,

-   1932, le 24 Mai, mariage avec Melle Karine BONDESON, de nationalité suédoise et retour à Alger,

-   1933, il reçoit le Grand Prix Artistique d’Algérie,

-   1934, il est nommé Professeur à l’Ecole des Beaux – Arts d’Alger, où il enseigne l’Art de la Miniature Algérienne,

-   1937, ses œuvres sont exposées au Pavillon de l’Algérie à l’Exposition internationale,

-  1950, il est élu membre honoraire de la Société Royale des peintres et miniaturistes d’Angleterre,

-   1960, Edition de « La vie musulmane d’hier »,

-   1972, Edition de « Mohammed Racim, Miniaturiste Algérien »,

-   1975, Décès en même temps que son épouse, dans des circonstances tragiques et jamais élucidées.

 

 

 

Source : www.el-mouradia.dz/français/algerie/portrait/portrait.htm

 

 

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Précurseur de la miniature en Algérie

 


Mohammed Racim revit par ses œuvres

 

 

 

    

L’art de la miniature en Algérie est lié, entre autres, au nom de Mohammed Racim, sachant qu’initialement, il s’intéressait à la peinture.

A voir une partie de ses œuvres, à l’exemple de Galère algérienne, Terrasses d’Alger, Rue d’Alger, Présentation de la mariée, Dans le jardin d’une villa, Nuit de Ramadhan dans le quartier Sidi M’hamed Echerif (La Casbah), Femmes à la cascade, le regard est attiré par le sens du détail, la précision des traits, la richesse des couleurs et les tons clairs. Racim ne joue pas avec les effets d’ombre et de lumière, comme il n’use pas beaucoup de la calligraphie. Les contours des compositions sont polychromes où couleurs argent et dorées s’alternent. L’ornementation se traduit par des arabesques, motifs et lignes grêles qui s’entrelacent. Décoration où la richesse des détails et les traits déliés minutieusement exécutés complètent l’intensité et la dimension fastueuse de la composition. Racim tire ses sujets du passé de l’Algérie, imaginaire ou réel. Une réalité d’où sont exclues la misère et autres vicissitudes de la vie. Une réalité qu’il met en scène pour mettre en lumière la beauté, la joie, la vie raffinée et les rituels de fête, dans l’intimité des terrasses et des patios aux colonnes torsadées, voûtes et contours de fenêtres décorés avec de la céramique d’où se dégagent des motifs polychromes : c’est le monde de la quiétude, de la félicité et de l’harmonie. Notons que Mohammed Racim est né en 1896 à Alger d’une famille d’artistes (1). En effet, son père, Ali Ben Saïd, et son oncle, Mohammed Ben Saïd Racim, tiennent à La Casbah d’Alger un atelier d’enluminure et de sculpture sur bois. De son côté, il s’intéresse initialement à la peinture et au dessin. A 14 ans, alors qu’il s’apprête à entrer au lycée d’Alger, il est repéré par Prosper Richard, à l’époque inspecteur des arts musulmans. Et cela, en remarquant le cahier de dessin de Racim parmi ceux envoyés à l’expostion de Bruxelles. Il l’engage ainsi comme collaborateur au cabinet de dessin de son service. C’est durant cette période qu’il découvre le livre d’Henri d’Allemagne Trois mois à travers le Khorassan dans lequel il puise ses premières connaissances sur la miniature perse. Celle-ci l’influence, mais il finit par s’en libérer. En 1916, Etienne Dinet lui confie l’ornementation de son livre La Vie de Mahomet. En 1919, il obtint une bourse en Espagne du gouvernement général de l’Algérie. Ce qui lui permet d’étudier à Grenade et à Cordoue l’art hispano-mauresque. Il s’occupe ensuite de l’illustration des ouvrages l’Islam sous la cendre d’Enri Heine, Bostan Saâdi et Omar Khayyâm de R. G. Brown et Khadhra d’Etienne Dinet.

 

 

 

Il quitte le cabinet de dessin de Prosper Ricard en 1924 pour se rendre à Paris, où il signe un contrat avec la maison Piazza afin de s’occuper de la décoration de l’ouvrage des Mille et Une Nuits de Mardrus. La même année, il obtient la médaille des orientalistes. Le travail de décoration des Mille et Une Nuits prend huit ans. Entre-temps, il voyage chaque année et visite des musées. A Londres, il s’intéresse aux études iraniennes. Côté expositions, outre Paris où il travaille au département des manuscrits, il expose ses œuvres au Caire, à Rome, à Bucarest, à Vienne et à Stockholm. Son contrat avec la maison Piazza expire en 1932. Il revient en Algérie, reçoit le Grand Prix artistique de l’Algérie en 1933 et entame l’année qui suit sa carrière de professeur à l’Ecole nationale des beaux-arts d’Alger. En 1950, il devient membre honoraire de la « Société royale d’Angleterre des miniaturistes et peintres ». Il meurt à El Biar (Alger) au même moment avec sa femme en 1975 dans des conditions tragiques. Dans son essai sur l’art Feuillets épars liés, (éditions SNED, Alger 1983), l’artiste peintre Mohamed Khadda écrit à propos de Racim : «Mohammed Racim excluait de son univers pictural l’hiver et son inclémence, comme en étaient bannies la misère et la douleur. Et tout sentiment violent était pour cet artiste désordre inconvenant. Racim n’avait qu’une unique saison. Une longue et douce saison où l’herbe ne pouvait être que luxuriance, la brise légère, l’air fleurant ‘’le basilic et le lys’’, ces fleurs fiancées qui servent de rituels exergues à nos veillées et de fermoir à nos livres de contes. Il avait sa saison, il avait ses heures où la luminosité étale, enveloppe les choses au lieu de les heurter, les baigne plutôt qu’elle ne les modèle. »

 


(1) La biographie de Mohammed Racim a été tirée pour l’essentiel de Louis-Eugène Angéli : L’art de la miniature et Mohammed Racim. In la revue Algeria. Nouvelle série, n° 33, novembre-décembre 1954. De la P. 46 à la p.52.

 


Amnay idir / «El watan » (Quotidien Algérien)

 

 

 

Source : www.femmesenaction.forumactif.fr

 

 

.......A suivre

 



02/04/2011
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